dimanche 9 janvier 2011

Le discours alarmiste sur le décrochage scolaire des garçons (2/3)

La situation des garçons du Québec est-elle si dramatique que cela ?

On lit régulièrement dans les journaux que le décrochage scolaire des garçons est persistant et qu’il ne diminue pas depuis 20 ans. Comme l’indique le graphique plus bas, dans les trente dernières années, la situation des garçons et des filles s’est fortement améliorée, mais les filles ont fait des gains plus importants que les garçons de telle sorte que l’écart garçons/filles se creuse passant de 6,6 points de pourcentage en 1979-1980 à 8,3 points de pourcentage en 2008-2009. En somme, le décrochage des garçons est loin d’être nouveau et il était le double en 1979-1980 (43,8%) de ce qu’il est aujourd’hui (22,6 %). La situation des garçons s’est donc améliorée de beaucoup, mais les filles ont fait mieux encore.


La situation des garçons continue de s’améliorer après l’âge de 20 ans en raison du phénomène du raccrochage scolaire. Le Québec est le champion du raccrochage alors que 80 % des jeunes qui ont décroché avant 20 ans vont raccrocher par la suite. Cette proportion est de 55 % au Canada. Statistique Canada ne fournit pas les données croisées sur le décrochage scolaire selon le sexe et la province, ce qui oblige à regarder le problème sous un autre angle, soit celui de la diplomation.

Au Québec, le taux de diplomation avant 20 ans se situe à 66 % pour les garçons et à 78 % pour les filles. Si on regarde cette fois la diplomation pour les 20-24 ans, le taux de diplomation des garçons connaît une forte hausse (81 %) comme celui des filles par ailleurs (92 %). Il y a donc un phénomène de raccrochage scolaire important au Québec. Sur la base de 80 % de raccrocheurs et en tenant compte des gains de diplomation après 20 ans des garçons et des filles, on peut dire qu’au Québec les filles raccrochent plus que les garçons.


Le taux de diplomation des garçons du Québec connaît donc une amélioration substantielle après l’âge de 20 ans. Comment se comparent-ils aux garçons des autres provinces canadiennes ? Il est assez surprenant d’apprendre que les garçons du Québec (81 %) se classent en troisième position sur dix provinces canadiennes, devancés de justesse par les garçons de la Saskatchewan (84 %) et par ceux de l’Ile-du-Prince-Édouard (82 %). Mieux, les garçons du Québec réussissent mieux que les filles de l’Ontario (78 %), du Manitoba (73 %) et de l’Alberta (71 %).


Continuons notre enquête. L’OCDE a publié tout dernièrement les résultats du test PISA qui évalue les performances des élèves de 15 ans en lecture, en mathématique et en sciences. Au Québec, les garçons sont meilleurs que les filles dans deux de ces matières, soit en mathématique et en sciences. D’ailleurs les garçons québécois surpassent les garçons et les filles de toutes les autres provinces canadiennes en mathématique. Il n’y a qu’en lecture que les filles du Québec dépassent les garçons.

Mais si on compare les résultats des garçons du Québec en lecture avec les résultats des garçons des autres provinces, les premiers font belle figure alors qu’ils se classent au quatrième rang (506 points) derrière l’Alberta (517 points), l’Ontario (513 points) et la Colombie-Britannique (507 points). Mieux encore, les garçons du Québec se classent au troisième rang en lecture, après la Corée et la Finlande, sur 34 pays de l’OCDE ayant participé à PISA. Pas si mauvais que cela les garçons du Québec après tout !

Un dernier indice de la bonne performance des garçons du Québec. Si on regarde les résultats aux épreuves uniques du MELS, qui déterminent en partie si un jeune obtiendra ou pas son diplôme d’études secondaires (DES), on se rend compte que les garçons réussissent mieux que les filles dans deux des matières évaluées (soit en mathématique et en anglais) alors que les filles réussissent mieux en sciences et en français. C’est d’ailleurs uniquement dans cette dernière matière que l’écart entre les garçons et les filles est le plus important.


Toutes ces données nous confirment que les garçons du Québec ont une très bonne performance scolaire quand on les compare aux garçons et aux filles du Canada et aux garçons des autres pays de l’OCDE. Cela veut dire que si les garçons du Québec (81 %) donnent l’impression de réussir moins, c’est parce que les filles du Québec (92 %) réussissent mieux.

À lire demain : «L’école au féminin nuit-elle à la réussite scolaire des garçons ?».

1 commentaire:

  1. Merci Jacques. Les chiffres sont éloquents. Je vais m’en servir pour mieux camper mes commentaires dans les médias.
    Marc Nantel

    RépondreSupprimer