Les devoirs et les leçons se
définissent grossièrement comme des tâches scolaires que les élèves doivent
effectuer en dehors de la classe (généralement à la maison). Les débats sociaux
sur l’utilité et la pertinence des devoirs et des leçons à la maison
connaissent des hauts et des bas selon la période considérée. Au début du XXe siècle, alors que l’apprentissage
est vu comme la résultante de la répétition, les devoirs et les leçons sont considérés
comme une bonne façon d’approfondir une même matière. Plus tard, lorsque la
conception de l’apprentissage évolue vers l’idée qu’il correspond plutôt à une
capacité de résoudre des problèmes, les devoirs et les leçons sont davantage
considérés comme une intrusion dans la vie des familles. La pertinence des
données quant aux devoirs et aux leçons fait encore aujourd’hui l’objet de
questionnements et de débats entre les «pro » et les « anti » devoirs et
leçons.
Les tenants des devoirs et des
leçons affirment que c’est une bonne façon de faire participer les parents à l’éducation
scolaire de leur enfant puisqu’en étant parties prenantes à cette activité, ils
sont plus à même de mieux savoir ce que leurs enfants apprennent et de les
suivre dans leur cheminement scolaire. Ce serait également, selon eux, une façon
de favoriser le développement du sens des responsabilités chez les élèves. Du côté
des détracteurs, les devoirs et les leçons seraient une source de stress et de
conflit entre les parents et les enfants, et ils ne seraient plus de mise dans
un monde où les deux parents travaillent. De plus, on peut considérer dans ce
dernier groupe ceux qui pensent que les devoirs et les leçons sont une source d’amplification
des inégalités scolaires, dans la mesure où certains parents immigrants (qui ne
maîtrisent pas la langue de l’école) ou vivant en milieu défavorisé (qui
maîtrisent moins les savoirs scolaires) sont moins susceptibles d’aider leurs
enfants dans leurs devoirs et leçons, alors que ce sont ces enfants qui en ont
le plus besoin.
Donner des devoirs et des leçons
est une pratique très répandue au Québec, comme le confirme l’enquête du
Conseil supérieur de l’éducation (CSE) dans le cadre de son avis sur les
devoirs et leçons au primaire (2010), alors que la quasi-totalité des écoles y
ont recours. Parmi 443 directions d’établissement scolaire interrogées quant à
savoir si le personnel enseignant donnait des devoirs et des leçons aux élèves,
437 ont répondu par l’affirmative. D’autres recherches confirment ces
résultats, comme celle de Rolande Deslandes sur 18 écoles situées dans 5
régions du Québec (2008) : on y apprend que 91% des parents d’élèves disent que
leurs enfants ont des devoirs et des leçons à faire 4 soirs par semaine ou tous
les soirs.
Nombre de parents considèrent les
devoirs et les leçons comme une bonne chose pour leurs enfants. Dans un sondage
réalisé en 2009 par la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), on
note que la très grande majorité des parents (90%) sont tout à fait d’accord ou
plutôt d’accord avec cette pratique au primaire. Parmi les perceptions des
parents sur les fonctions des devoirs et des leçons à la maison, nombreuses
sont celles selon lesquelles ils permettent de connaître le travail fait en
classe par leur enfant, de même que le degré de facilité ou de difficulté des
matières qu’il apprend. Peu de parents indiquent dans le sondage que les
devoirs et les leçons nuisent à la communication avec l’enfant. Toutefois,
presque la moitié des parents interrogés considère que les devoirs et les
leçons sont une source de stress (FCPQ, 2010). Selon une enquête effectuée en
2006 cette fois, 64% des parents canadiens estiment qu’ils ne possèdent pas les
connaissances requises pour aider leur enfant à faire leurs devoirs. Des
enquêtes réalisées par sondage au Canada indiquent également que le manque de
temps du côté des parents pour aider leur enfant à faire leurs devoirs est un
obstacle important (Conseil canadien sur l’apprentissage, 2008).
Pour bien des parents, les devoirs
et les leçons sont associés à une plus grande réussite scolaire. Qu’en est-il
de l’efficacité des devoirs et des leçons à ce chapitre ? Dans une revue de la
littérature portant sur les recherches ayant examiné le lien entre devoirs et performance
scolaire, il est indiqué que, dans l’ensemble, les devoirs contribuent à une meilleure
réussite des élèves, avec quelques nuances cependant : les devoirs et les
leçons sont efficaces pour la rétention d’information à court terme, mais ils
le sont moins pour une compréhension à long terme. De plus, cette efficacité
des devoirs se confirmerait pour les élèves du secondaire, mais pas pour les
élèves du primaire (Conseil canadien sur l’apprentissage, 2008).
Une autre recension de la recherche
effectuée par le Conseil canadien sur l’apprentissage a cherché à vérifier la
portée des devoirs sur la réussite des élèves à partir de 18 études ayant
abordé cette question de 2003 à 2007. Ces études dégageaient 32 indicateurs de
résultats permettant d’établir l’influence nette des devoirs sur la performance
scolaire. Pour la moitié des indicateurs, il y avait une influence forte (4
indicateurs) ou modérée (12 indicateurs) sur les performances scolaires des
élèves (Conseil canadien sur l’apprentissage, 2009).